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En quoi la chaine KRT022MA* – GIM206 de Mirion Technologies est importante pour la sûreté ?

*KRT022MA sur le CPY, KRT045MA sur le CP0, KRT040MA sur les P4-N4

La chaine de mesure d’activité GIM206K du fabricant Mirion Technologies a été développée et qualifiée pour la mesure des rayonnements gamma durant et après un accident nucléaire, à l’intérieur de l’enceinte de confinement (Bâtiment Réacteur BR).

Elle repose sur une technologie de chambre à ionisation à Américium 241. Sa plage d’énergie va de 60keV à 7MeV pour une mesure qui va de 10-3 à 105 Gy/h.

Le détecteur peut fonctionner jusqu’à une température ambiante de 135°C, voir même 165°C pendant 2h et 225°C sur un pic de température de 2 secondes. Il peut également accepter une pression de 7 bars absolus pendant 12 heures (au regard du critère de déclenchement de l’aspersion enceinte EAS, par exemple sur CPY, à 2,4 bars dans le BR). Sources : fiches techniques fabricant

Le système KRT (KRT = Contrôle des mesures de santé et Radioprotection de Tranche) regroupe les mesures fixes de RadioProtection RP dont le rôle est de contrôler que les conditions de fonctionnement de l’installation sont conformes aux réglementations sur la RP et la sûreté, ainsi que de prévenir toute irradiation ou contamination de personnes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la centrale nucléaire, en fonctionnement normal ou incidentel-accidentel.

La chaine KRT022MA (MA = Mesure d’Activité), de technologie GIM206 du fabricant Mirion Technologies, sert, en fonctionnement normal à la mesure d’activité ambiante au niveau du plancher du Bâtiment Réacteur BR. Les chaines KRT sont réparties selon leurs fonctions : surveillance de l’intégrité des barrières de confinement (gaine du combustible, circuit primaire, enceinte de confinement), contrôle des rejets radioactifs, conduite post-accidentelle et RP du personnel. La chaine KRT022MA est valorisée en Surveillance Post-Accidentelle SPA permettant aux opérateurs, en Salle de Commande SdC, de caractériser l’ambiance au sein du BR après un accident nucléaire.

La chaine KRT022MA est dîtes de ‘haute activité’ et dispose d’une source interne assurant un comptage minimal qui permet, en cas d’absence ou d’insuffisance, de générer une alarme de défaut. Pour s’assurer de son bon fonctionnement, l’exploitant surveille la réponse de la chaine en plusieurs points, l’autosurveillance de son taux de comptage minimum, les paramétrages de la chaine, l’acceptabilité des seuils de mesures et d’alarmes, la bonne remontée des informations auprès des opérateurs en SdC.

La chaine KRT022MA est importante pour la sûreté de l’installation lorsque celle-ci est en fonctionnement ou à l’arrêt à des valeurs élevées de pression et température. Cela s’entend bien au regard de son rôle de surveillance post-accidentelle dont la probabilité et les conséquences sont d’autant plus importantes que le cœur du réacteur est à pression et température élevées.

En cas de défaillance de la chaine KRT022MA, les opérateurs perdent une mesure de l’activité au sein du Batiment Réacteur BR. Ils disposent tout de même d’une information redondante via la chaine de mesure KRT042MA qui assure une fonction similaire et leur permet de ne pas être complétement aveugles de cette mesure.

Si ces deux chaines de mesure venaient à être défaillantes en même temps, alors cela impacterait la conduite post-accidentelle, ne permettant pas aux opérateurs d’avoir accès aux valeurs d’activité à l’intérieur du BR dans les scénarios nécessitant ces chaines de mesure. D’autres paramètres pourront être valorisés pour évaluer l’impact de l’accident, telles que la température ou la pression à l’intérieur du BR.

Exemple ?

Voici un exemple de scénario où la défaillance de la chaine KRT022MA pourrait avoir un impact sur la sûreté d’un réacteur nucléaire.

     

      • Lundi, 22h : le réacteur produit de l’électricité, le Chef d’Exploitation CE appelle pour une panne de la chaine 1KRT022MA : la gestion de cette panne est traitée par les métiers concernés, en journée normale.

      • Le lendemain, mardi 14h : le métier intervient sur la chaine 1KRT042MA qui présente un défaut sur son coffret électrique et passe la chaine en position test, la rendant alors indisponible. Les opérateurs sont alertés par l’alarme correspondante en SdC et, sachant qu’une intervention est en cours, poursuivent leur opérations.

      • Ce même jour, mardi, 16h : le CE réalise sa surveillance de la sûreté du réacteur et remarque l’alarme, l’équipe comprend alors que les 2 chaines sont indisponibles (1KRT022MA et 1KRT042MA) : cet événement est plus important que ce qu’ils pensaient, il est d’ailleurs normalement interdit par les spécifications STE. L’équipe appelle alors l’Ingénieur Sûreté d’astreinte et analysent cet événement. La réparation doit être réalisée sous 3 jours.

      • Ce même jour, mardi, 17h : le métier repasse la chaine 1KRT042MA en mode détection, ce qui redonne de la visibilité aux équipes de conduite sur l’activité au sein du BR. L’Autorité de Sûreté Nucléaire ASN est prévenu dans la foulée, dans le cadre de la transparence nucléaire.

    Lors de l’indisponibilité de ces 2 chaines, les opérateurs ont été aveugles sur la mesure d’activité enceinte. En cas d’accident et de relâchement d’éléments radioactifs au sein du BR (brèche primaire), à 15h par exemple, l’entrée dans les consignes accidentelles aurait été faussée et aurait pu amenée à une mauvaise compréhension. Les opérateurs auraient pu être orientés vers une rupture de tuyauterie secondaire, non radioactive car ils auraient vu une montée en pression dans l’enceinte sans radioactivité.

    L’équipe de conduite aurait donc été orientée vers une mauvaise gestion de l’accident : elle aurait pu stopper l’Injection de Sécurité IS que la consigne aurait jugée surabondante alors qu’elle aurait été nécessaire.

    De la même façon, ce sont des dizaines de modèles de chaines de mesure qui sont développés par Mirion Technologies et qui jouent des rôles importants pour la sûreté.

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